Le départ

Samedi 10 mai, 20 heures. Douane passée, contrôles divers franchis, nous profitons d'une petite visite au Duty Free Shop où je trouve mon parfum préféré (pour mes admiratrices, c'est "Eau Sauvage" de Christian Dior) nettement moins cher que dans nos contrées. Donc je me suis promis d'aller l'acheter en rentrant. Mais il y a 48% de chances que j'oublie d'ici là... et 48 autres pourcents que je n'y pense pas. Ca ne me laisse pas beaucoup de possibilités en fait !

L'ambiance de la salle d'attente est très particulière : certains montrent de l'impatience ou une nervosité incroyable. Parmi eux, j'en ai repéré trois du coin de l'oeil...

A mon Nord-Ouest, un "Mouss Diouf" (étonnant : exactement la même tête et la même expression, mais avec 30 kilos de moins), casquette beige vissée sur la tête, mâche nerveusement un chewing-gum, si nerveusement qu'on voit travailler à chaque mastication tous les muscles de son visage.

A mon Nord-Est, un gosse de 3 ans avec de superbes yeux bleu-océan est en train de sucer inlassablement... tantôt son pouce, tantôt l'oreille droite de son doudou gris-clair.

A ma droite, un petit gars de 14-15 ans fait tournoyer un espèce de pseudo-yoyo en plastique que je vais d'ailleurs bientôt prendre dans la gueule s'il continue à lui donner de l'accélération à chaque tour...

Un type en costume noir et chemise blanche fait son apparition, il regarde autour de lui comme s'il était effrayé par quelque chose ou quelqu'un. Il s'accroche si fort à son siège qu'il risque de l'arracher s'il continue ainsi ! Son regard se fixe sur l'horloge Rolex qui indique maintenant 20h52.

Mouss Diouf a trouvé un autre passe-temps, il se gratte un endroit plutôt intime ! Au final, c'est moins élégant que le chewing-gum. Puis il se remet à mâcher... jamais les deux en même temps... le chewing-gum, une couille, le chewing-gum... tout un programme !

Notre avion est en place, la passerelle est posée, on va bientôt entendre la cousine de Claire nous annoncer le départ. La salle d'attente commence à remuer... enfin plutôt son contenu, il n'y a pas eu de tremblement de terre à ma connaissance... le petit gosse remue beaucoup aussi. Quant au yoyo, j'ai du mal à ne pas rire : il est retourné dans la poche du mecton parce que c'est lui qui, maladroit, se l'est pris en pleine poire !

Mouss continue la parade... une couille... le chewing-gum. Tiens, son téléphone sonne. Là il devient beaucoup plus sérieux, ça le démange beaucoup plus furieusement... il doit être allergique à son interlocuteur !

20h58, les haut-parleurs retentissent. La file va encore assez vite et à 21h11 nous sommes assis dans notre vol qui part dans... moins 16 minutes !

A l'accueil, un grand type à lunettes vêtu d'un superbe uniforme et une gentille hôtesse qui présente la même élégance. Nous investissons les sièges 9 et nous relaxons quelque peu au son de la musique traditionnelle marocaine, très agréable, que diffusent les haut-parleurs. Vivement que la clim' soit enclenchée, car il fait vraiment très chaud dans cet avion !

21h14, les derniers voyageurs embarquent, que tout le monde regarde comme si le retard était de leur faute. Bon, en fait, si l'avion était à l'heure, ils l'auraient quand même raté !

21h15, distribution de journaux par l'hôtesse. Un haut-parleur délivre un "plane crew..." suivi d'un truc incompréhensible hachuré et craché par overmégahypersaturation. Une partie de l'éclairage s'éteint. Les téléphones portables, que je croyais interdits à bord, suent sous les appels : "maman je pars", "oui chéri, je suis dans l'avion",...

21h18, le check-control de l'appareil. Les témoins "veuillez fumer votre ceinture et accrocher votre cigarette" s'illuminent et un message en arabe nous souhaite la bienvenue, plus tard nous y avons aussi droit en français. L'avion, prénommé ETOPS OD, commence à reculer et décolle à 21h21. Je retarde au passage ma montre de deux heures, le décalage horaire existant entre Suisse et Maroc.

19h35, il fait -12°C (à notre altitude, pas à Casablanca évidemment !) et nous sommes censés atterrir à 21h59, après 1'787 km de vol (plus ceux déjà parcourus en cinq minutes). Vu que nous sommes supposés survoler Barcelone, je regarderai si je ne trouve pas une main en train de faire mes poches à ce moment-là !

20h21, Toulouse est déjà loin derrière notre sillage et nous volons à 37'000 pieds (11'277 mètres) d'altitude à une vitesse de 848 km/h et il fait -54°C !

A force de prendre de mauvaises habitudes, on se demande bien où... ma voisine de droite commet, pour montrer à quel point elle avait apprécié le couscous servi dans l'avion, un léger éructement que j'ai tout de suite sanctionné par un 2 sur 6. Repas pas génial du tout... et il fait toujours aussi chaud dans cet avion !

Le reste du vol se passe assez bien et nous atterrissons comme prévu à 21h59 sur la piste de l'aéroport Mohamed V de Casablanca.